(R)évolution des jardins zoologiques

Les jardins zoologiques sont apparus au 19ème siècle alors que les ménageries princières disparaissaient. Ils sont très rapidement devenu des lieux d’attraction appréciés par le public. De nos jours les “zoos” attirent chaque année dans le monde plus de 700 millions de visiteurs (d’après AZA). Cet article vous présentera l’évolution ou plutôt la révolution des parcs zoologiques depuis le 19ème siècle jusqu’à nos jours.

Qu’est ce qu’un jardin zoologique ?

Un jardin zoologique ou parc zoologique est un lieu où des animaux sont gardés captifs afin d’être présentés au public. Pour le législateur européen et d’après la directive 1999/22/CE, un établissement est considéré comme un “jardin zoologique” lorsqu’il est ouvert au public au moins 7 jours par an. On parle ici de durée cumulée sur toute l’année.

Les parcs zoologiques sont aussi bien des zoos classiques que des établissements spécialisés. Ainsi un parc marin présentant des cétacés, un aquarium, un reptilarium et un parc ornithologique sont des “jardins zoologiques” pour le législateur.

Pour le public une distinction est généralement faite entre les types d’établissements de présentation. Certaines personnes font une différence subjective entre les parcs animaliers et les “zoos”. Les premiers seraient des lieux plus vastes (et confortables pour les animaux) que les seconds. Car l’idée du “zoo” renvoie parfois à des espaces réduits pour les animaux. De même les établissements spécialisés sont vus différemment. Les parcs marins qui présentent des mammifères marins (dauphins, orques, pinnipèdes,…) sont souvent critiqués, notamment parce qu’ils pratiquent des spectacles animaliers. Et parce que la captivité de certaines espèces est de moins en moins acceptée par l’opinion publique. Toutefois, quelle que soient les espèces présentées, ces établissements sont aussi des parcs zoologiques.

Vers un changement d’image

Les responsables des parcs animaliers l’ont bien compris. Ainsi certains établissements ont changé de nom durant leur histoire. Et les nouveaux parcs animaliers créés utilisent une sémantique en phase avec les valeurs et les missions actuelles. On retrouve alors des ZooParcs, des Bioparcs, des Réserves zoologiques,…

Des ménageries aux réserves de biodiversité

Dès la préhistoire, l’homme va créer des races d’animaux domestiques à partir d’animaux sauvages qu’il va garder à ses côtés. Le premier exemple de domestication est celui du chien. Mais beaucoup d’autres domestications se sont produites et se produisent encore de nos jours.

L’homme a eut besoin et a toujours besoin des animaux pour s’alimenter, se vêtir, se protéger, combattre et bien entendu se distraire. C’est bien évidemment la distraction qui se rapproche le plus des motivations des premiers hommes qui ont cherché à garder des animaux sauvages dans des ménageries.

Les animaux captifs durant l’antiquité

Les plus anciennes traces d’une ménagerie remontent à près de 3500 ans. Celle-ci a été bâtie sous le règne de la reine Hatchepsout. D’autres civilisation garderont également captifs des animaux. Par exemple en Chine ou dans l’empire aztèque.

Mais ces premières ménageries n’avaient pas pour rôle uniquement de distraire les personnages puissants de ces civilisations. Elles avaient aussi un rôle politique. Garder des animaux sauvages – et souvent dangereux – en captivité était un symbole de puissance et de supériorité sur le commun des mortels. Cette dimension politique va perdurer très longtemps.

Les ménageries seront aussi des réserves d’animaux vivants dont on pouvait disposer à des fins sacrées. Des animaux sauvages pouvaient être sacrifiés à des divinités, comme c’était le cas en Egypte antique.

L’empire romain importait beaucoup d’animaux sauvages pour les combats organisés dans les arènes. Des milliers d’animaux étaient capturés pour être ensuite mis à mort en public. Cette activité fût si importante que les romains ont littéralement vidés des régions entières d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de leurs félins et pachydermes.

Les ménageries du Moyen-Âge et de la Renaissance

Au Moyen-Âge, plusieurs monarques seront propriétaires d’animaux sauvages. Et certains se faisaient accompagner de leurs animaux durant leurs déplacements.

Posséder des animaux sauvages était à cette époque également un signe de prestige et de puissance politique. Ces animaux étaient souvent des cadeaux diplomatiques faits par les nations alliées ou soumises.

A cette époque le transport des animaux demandait une logistique très importante et des moyens financiers conséquents. Et tous les monarques n’étaient pas assez riches pour s’offrir un éléphant, un rhinocéros ou un lion. Les nobles les moins fortunés se tournaient vers des oiseaux ou vers la faune européenne : ours, loups, cervidés,…

L’une des ménageries les plus connues est probablement celle de la tour de Londres. Elle sera active pendant plusieurs siècles et recevra les animaux propriétaire de la couronne d’Angleterre. En Autriche, la ménagerie de Schönnbrunn est devenu le plus ancien jardin zoologique au monde.

En France, l’une des plus importantes ménageries est celle du Château de Versailles. Cette dernière sera construite sous Louis XIV. Et elle poursuivra son existence jusqu’à la révolution française.

Les ménageries sont généralement réservées à la seule noblesse. Et les “gens du peuple” n’y eurent généralement pas accès. Toutefois, la ménagerie de Versailles sera ouverte au public pendant quelques courtes périodes.

Des ménageries lorsqu’elles étaient accessibles aux savants, permirent de faire progresser les connaissances sur les animaux originaires des régions lointaines. Il était en effet rare que des hommes aient les moyens de voyager. Et certaines ménageries – à l’instar des cabinets de curiosité – étaient même gérés par des savants.

La fermeture des ménageries aristocratiques et la création des jardins zoologiques

La Révolution française va initier d’importants changements politiques en Europe. Progressivement les monarchies absolues vont laisser leur place à des régimes démocratiques. Les ménageries, symboles de puissance, vont fermer ou pour certaines ouvrir au public. Les jardins zoologiques sont nés.

L’une des raisons de créer des jardins zoologiques va au delà de la distraction du public. Ainsi le Jardin zoologique de Londres sera dans un premier temps fermé à la visite. Les savants ont besoin de lieu pour acclimater et étudier les animaux exotiques ramenés des colonies. Les transports maritimes devenant plus rapides, les jardins zoologiques importent des animaux parfois inconnus des scientifiques.

On y pratique aussi des hybridations. Car on espère domestiquer des animaux comme les grands singes et autres primates pour les mettre au service des hommes.

Les parcs zoologiques ont toujours des préoccupations propres à leur époque ! Et il n’est pas logique de les juger sur ce qu’ils ont été.

Le 19ème siècle est aussi celui de la révolution industrielle. Des régions d’industrialisent et la population des villes augmentent. Les classes ouvrières et moyennes ont besoin de distraction. Les “zoos” sont alors des lieux de promenade très appréciés par les visiteurs du dimanche.

Le 20 ème siècle et les droits des animaux

Les philosophes se sont toujours intéressés aux conditions des animaux. Si certains comme Descartes considéraient tout animal comme une machine incapable de souffrir. D’autres considèrent les animaux comme des êtres sensibles. Et parmi ces penseurs beaucoup s’opposeront à toutes formes de mauvais traitements.

Le 20ème siècle va permettre à ces penseurs d’être entendu. Et à leurs idées d’être adoptées puis relayées par de plus en plus de personnes. Le développement des modes de communications (télévision, radio, tirage d’ouvrages à prix réduit,…) va permettre aux défenseurs des droits des animaux de faire entendre leur voix.

Certains livres vont avoir un impact fort et seront à l’origine de la constitution de mouvements en faveur du droit des animaux. Les années 70 verront apparaître des associations internationales très actives. Et aussi des mouvements anti-zoos.

Cette mobilisation de l’opinion publique va initier l’adoption de lois et de conventions afin de protéger les animaux du commerce important qui était encore fait. Rappelons que pendant longtemps et encore jusqu’à une époque récente, les parcs animaliers s’approvisionnaient en achetant des animaux issus de capture dans le milieu naturel.

De nombreux parcs animaliers se fédèrent au sein de groupement associatifs. En Europe, l’EAZA rassemble de nombreux établissements et permet la mise en place d’actions communes. Aux Etats-Unis, c’est l’AZA qui joue ce rôle fédérateur. Et de nombreuses autres associations nationales (en France c’est le cas de l’AFdPZ) ou internationales participent au changement des parcs animaliers.

Les réserves de biodiversité

Les établissements animaliers les plus investis dans la conservation des espèces animales vont se tourner de plus en plus vers des actions de protection des espèces menacées.

Les connaissances accumulées et partagées par les parcs zoologiques durant plus de 200 ans font de ces lieux des outils adaptés pour mener des actions d’élevage d’espèces en raréfaction. Les parcs zoologiques disposent des moyens et de l’expertise nécessaire.

Des établissements comme le Zoo de Jersey ont été créés et poursuivent leurs activités dans l’unique but de concourir à la conservation des espèces animales les plus menacées.

Les jardins zoologiques impliqués participent à des programmes de reproduction et de gestion des population captuves, mais aussi aide financièrement et techniquement des actions in-situ.

Les 3 + 1 missions des jardins zoologiques modernes

Les parcs zoologiques malmenés par les groupes hostiles à la captivité vont devoir prouver leur utilité. Et la professionnalisation de cette industrie va favoriser une mutation rapide et profonde.

En effet, les établissements emploient de plus en plus de personnel qualifié. C’est le cas des vétérinaires, des biologistes et bien entendu des soigneurs animaliers qui sont de plus en plus nombreux a être formés dans une école ou bien à suivre des formations continues.

Les missions fondamentales des parcs zoologiques sont :

  • La Conservation des espèces animales menacées
  • L’éducation et la sensibilisation du public aux menaces qui pèsent sur la biodiversité
  • La Recherche scientifique au bénéfice de la conservation des espèces menacées

Une quatrième mission implicite est de continuellement améliorer les conditions de captivité des animaux. Les soigneurs animaliers ont un rôle important à cet égard. Ils améliorent les conditions de captivité en assurant des programmes d’enrichissement du milieu. Mais aussi en adoptant des procédures moins stressantes pour les animaux comme l’entraînement médical.

Les parcs animaliers trouvent toutefois le soutien d’organisations internationales. Ainsi l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) considère que les parcs zoologiques sont des acteurs importants pour la protection de la faune sauvage.

Une évolution des parcs zoologiques qui se poursuit toujours

Il serait faux de prétendre que tous les parcs zoologiques en France ou ailleurs dans le monde sont tout autant impliqués dans les actions de conservation ex-situ et in-situ.

Les lois européennes et françaises jouent un rôle important dans la métamorphose qui touche les parcs animaliers. Mais il faut souvent plusieurs années pour constater les changements notables sur site.

En effet, les investissements pour se mettre “à la page” sont souvent très importants. Beaucoup d’installations d’élevage sont maintenant dépassées et ne correspondent plus aux attentes des visiteurs. Il faut les remplacer ou les adapter tout en investissant en parallèle sur de nouvelles présentations. Car les visiteurs attendent des nouveautés ! Les plus petits établissements – aux moyens finnaciers limités – prennent plus de temps à faire peau neuve.

Mais il est aussi question des idées qui ne sont pas (encore) partagées par tous. Ce changement est facilité par la formation, mais aussi par les rencontres et discussions au sein des associations professionnelles. Les associations de soigneurs animaliers ont elles aussi un rôle important à jouer dans la conduite du changement au sein des parcs animaliers.

Il est toutefois fort probable que le 21ème siècle soit une époque charnière pour les parcs animaliers. Et seuls les plus impliqués et réactifs en sortiront gagnants et grandis. Car les visiteurs s’ils seront toujours réceptifs aux divertissements, attendront de plus en plus un engagement réel des parcs animaliers.

Les actions en faveur de la protection de la nature ne peuvent plus être de simples “mesures cosmétiques”. C’est-à-dire des mesures superficielles et qui sont davantage des formes de communication qu’un engagement fort de l’établissement. Ces actions doivent donner des résultats et les parcs zoologiques se doivent de tenir leurs promesses.

Pour en apprendre davantage sur le secteur des jardins zoologiques et du métier de soigneur animalier

L’EAZA est l’association européenne des zoos et des aquariums. Consultez le site pour en apprendre davantage sur cette organisation : https://eaza.net

En France, c’est l’AFdPZ qui fédèrent la plupart des parcs animaliers de l’hexagone et de France ultramarine. Vous pouvez consulter leur site pour en apprendre plus : http://www.afdpz.org

Si vous souhaitez approfondir vos connaissances dans l’histoire des parcs zoologiques la formation Préparation soigneur animalier prévoit un module consacré à l’éthique et au monde professionnel.