Soyons clair. Le sujet de cet article n’est pas de vous expliquer où et comment acheter un singe. Mais de présenter la législation sur la détention de ces animaux non domestiques, ainsi que de faire le point sur les besoins très particuliers des primates. Si vous ne décidez pas d’aller plus loin dans la lecture de cet article, retenez toutefois qu’acheter un singe et le garder chez soi est illégal si vous n’avez pas un certificat de capacité et une autorisation de votre préfecture.
Sachez aussi que l’entretien d’un singe demande des installations couteuses, une alimentation distribuée plusieurs fois par jour et un nettoyage quotidien. Un singe n’est pas un animal de compagnie et gardé seul cet animal devient généralement très agressif après quelques mois de captivité. Bref, un singe domestique ça n’existe pas.
L’essentiel en vidéo
Si vous souhaitez comprendre l’essentiel sur l’acquisition en France des singes et autres Primates (législation, éthique et besoins en élevage), consultez la vidéo suivante :
Les singes et la législation
Les singes – qui font partie de l’ordre des Primates – sont inscrit à la CITES et leur commerce en France est très réglementé. De plus, ils sont classés par l’arrêté du 21 novembre 1997 – quel que soit leur poids – comme des espèces dangereuses. Tout le monde n’est pas autorisé à garder ces animaux chez soi.
En France, vous devez posséder un certificat de capacité pour ces espèces d’animaux non domestiques. Et vos installations doivent recevoir une autorisation préfectorale d’ouverture avant que vous puissiez recevoir vos animaux. Il n’est pas possible d’acquérir un primate, puis de demander sa régularisation et de vous mettre en conformité.
Si votre projet est d’élever des primates, votre première démarche va consister à contacter la DDPP de votre département. La Direction Départementale de la Protection des Populations est un service de la préfecture. Pour obtenir l’adresse et les coordonnées de votre DDPP consultez le lien suivant :
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/coordonnees-des-DDPP-et-DDCSPP
Vous demanderez à être mis en relation avec le responsable de la faune sauvage captive. Parfois, il est possible d’obtenir un rendez-vous. Mais souvent les premiers échanges se font par courriers électroniques. Votre correspondant fera le point avec vous des conditions à remplir pour devenir capacitaire et être autorisé à élever des primates.
Afin d’obtenir un certificat de capacité vous devez prouver votre expérience pratique avec les animaux que vous souhaitez acquérir. Vous devrez effectuer plusieurs mois de stages auprès de personnes qui possèdent déjà les autorisations nécessaires. Dans le cas des primates, ces stages se font surtout dans des parcs zoologiques. Mais il est aussi important de passer chez des éleveurs amateurs, afin de vous rendre compte du travail nécessaire. Mais aussi pour constituer votre réseau.
Puis une fois cette expérience acquise, vous ferez le dépôt de votre dossier de demande de certificat de capacité. Vous aurez ensuite à passer une audition devant une commission d’experts et de fonctionnaires de la DDPP. Cet entretien à pour but de vérifier vos connaissances zootechniques et législatives.
Entre la décision de posséder un animal non domestique et la réception des autorisations de la préfecture, sachez que plusieurs années sont souvent nécessaires. Car trouver des lieux pour faire des stages et les effectuer prend beaucoup de temps. Et le traitement du dossier demande aussi un délai de plusieurs mois.
Vous pouvez aussi débuter par une formation en soin animalier. Il existe de nombreuses formations en France. Certaines sont des formations longues, d’autres sont des stages de quelques jours.
Mais rares sont les formations spécialisées dans le soin des singes et autres Primates. Toutefois, toutes permettent de comprendre les besoins des animaux en captivité. Pour faire votre choix, nous vous conseillons le livre Objectif Soigneur Animalier.
Les singes peuvent-ils être achetés à n’importe qui et n’importe où ?
Il n’est pas rare que des petits primates – comme les ouistitis et les saïmiris – soient proposés à la vente non déclarée. Ces pratiques sont illégales. Et ces animaux ont souvent été volés chez des éleveurs ou dans des zoos.
Vous ne pouvez pas non plus acheter un singe dans une animalerie. L’acquisition d’animaux soumis à des autorisations se fait entre éleveurs capacitaires. Les parcs zoologiques effectuent plutôt des transferts de singes entre établissements. Et il est rare d’obtenir un animal en provenance d’un zoo.
Si vous gardez chez vous un singe sans autorisation et si cet animal n’a pas de document qui atteste son origine licite, vous vous exposez à de graves sanctions.
Lorsque vous aurez effectué vos stages dans des parcs animaliers et chez des éleveurs titulaires d’un certificat de capacité, vous saurez comment acquérir légalement vos animaux. C’est une raison supplémentaire pour faire le plus de stages possibles. Car vous devrez compter sur votre réseau pour recevoir des animaux.
Les primates peuvent-il être des animaux de compagnie ?
Les singes vivent en groupe
Les singes ne sont pas des animaux de compagnie. Et il n’est pas possible de leur offrir de bonnes conditions de captivité sans prévoir des installations importantes et sans leur consacrer beaucoup de temps chaque jour. L’élevage des singes demandent des moyens financiers importants.
Les singes sont – sauf rares exceptions – des animaux qui vivent en groupe. Ils ont donc besoin d’interagir avec leurs congénères. Leur soigneur animalier n’en sera jamais un. Vous n’aurez jamais assez de temps pour vous occuper d’un animal.
Garder des singes en captivité signifie de pouvoir créer et gérer un groupe d’individus. Il faut être capable de gérer les conflits entre les individus et pouvoir les séparer si nécessaire. Lorsque ces conflits ne se solutionnent pas, il faut alors transférer un individu vers un autre élevage qui dispose des autorisations et des installations adaptées. Car vous êtes aussi responsable du placement de vos animaux.
Les singes peuvent infliger des blessures graves et transmettre des maladies
Les singes et les lémuriens sont capables d’infliger de graves blessures. Ces incidents peuvent survenir durant une capture ou au cours d’un soin. Mais aussi dans d’autres situations, sans que l’on sache pour quelle raison l’animal a attaqué. Ces blessures demandent une prise en charge hospitalière. En plus d’un risque de mutilation, les morsures sont la voie d’entrée d’agents pathogènes.
On peut contracter une maladie suite au contact avec un primate ou avec ses excréments. Certains virus comme les hépatites peuvent passer du singe à l’Homme. Il existe d’autres virus beaucoup plus dangereux qui provoquent des maladies pouvant être mortelles. Les animaux qui ont été capturés dans la nature sont plus susceptibles de transmettre ces agents pathogènes. Raison suffisante pour ne jamais ramener de voyage un singe, comme cela se voit parfois chez les personnes rentrant du Maroc.
Les singes demandent des installations d’élevage adaptées
Dans la nature, les primates vivent sur de grands territoires. La plupart sont des espèces arboricoles qui ont besoin de grimper et de sauter de branche en branche. Il faut donc les garder dans un grand enclos de type volière. Bien qu’il n’existe actuellement aucune dimension minimale imposée par la loi, un groupe de saïmiris (un singe de moins d’un kilogramme) à besoin d’une volière extérieure d’au moins 100 mètres carrés. Sans oublier un abri intérieur chauffé à 20 °C au minimum, et dont la surface est supérieure 25 mètres carrés. Cet abri sera compartimenté, afin que des individus puissent se soustraire des singes dominants.
Les dimensions et les volumes sont encore plus importants pour de grandes espèces comme les macaques magots. Et les parcs zoologiques aménagent des enclos de plusieurs milliers de mètres carrés pour garder les plus grandes espèces comme les gorilles et les chimpanzés.
Précisons que les primates doivent pouvoir sortir dans leur enclos extérieur dès que les conditions météorologiques le permettent. Par temps ensoleillé, la plupart des primates peuvent sortir au dessus de 10 °C. Mais il est indispensable que les animaux aient un accès permanent à leur abri chauffé. La nuit la plupart les singes les plus sensibles au froid seront gardés fermés dans leur abri chauffé.
Cet accès à l’extérieur est indispensable pour couvrir les besoins en vitamine D. Ce nutriment essentiel est synthétisé par la peau exposée aux rayons directs du soleil. La vitamine D permet la fixation du calcium sur les os et les singes qui ne sortent pas régulièrement s’exposer au soleil souffrent de maladie osseuse, dont l’issue est généralement fatale. Les petits singes d’Amérique du Sud ont besoin de beaucoup d’Ultra-Violet. Dans les régions les moins ensoleillées en hiver, il est nécessaire d’équiper leur abri d’une lampe UV. Ou bien d’ajouter de la vitamine D3 dans leur alimentation.
Le fait de garder un singe sans installation adaptée est dangereux pour lui et pour les personnes. On ne peut pas non plus garder un singe en laisse, même si l’on voit ce genre de pratique à l’étranger. Notre époque actuelle concède de plus en plus de droit aux animaux. Vous devez donc chercher à offrir les meilleures conditions possibles à vos animaux et à les protéger du stress.
Un singe domestique, ça n’existe pas
Les animaux domestiques sont le produit d’une sélection ancienne. Ils sont habitués à vivre avec les êtres humains. Ils se sont adaptés à une alimentation souvent différente de celle que leurs ancêtres sauvages trouvent dans la nature. Les singes – bien qu’élevés en captivité – ne sont pas des animaux domestiques. Ils ne sont pas adapté à vivre avec les Hommes. Et les cohabitations harmonieuses ne durent pas longtemps. Ainsi un singe domestique, ça n’existe pas. C’est donc à l’éleveur de répondre aux besoins des ses animaux. Et non pas aux animaux à s’adapter à des conditions de captivité.
Les singes ont besoin de rester actifs
Les primates pour la plupart vivent en groupe. Les interactions entre les individus sont d’une grande importance pour la santé psychologique et pour assurer le maintien du bien-être animal. Mais dans des conditions de captivité ce n’est parfois pas suffisant de garder des animaux à plusieurs.
Il faudra donc penser à créer un environnement stimulant en aménageant correctement leur enclos. Il faut placer des branchages, des plateformes et des cordes, pour que les animaux puissent exprimer la plus grande gamme de comportements de locomotion possible. Les singes feront aussi de l’exercice. Ce qui permet de lutter contre l’obésité, très commune chez les singes en captivité.
On devra aussi mettre en place des actions d’enrichissement du milieu. Car les singes apprécient la nouveauté. Introduire périodiquement quelques “jouets” va stimuler ces animaux. Ces jouets sont bien entendu des équipements qui ne doivent pas présenter de risque. On ne trouve pas ce type de jouets dans les animalerie. Les singes sont forts et leurs dents sont capables de déchirer le plastique.
Les primates ont aussi besoin d’être nourri au moins deux fois par jour. C’est encore un minimum. Quatre distributions sont plus adaptées. Car dans leur milieu naturel, les primates sont constamment en train de s’alimenter. En proposant plusieurs nourrissages durant la journée on brise la monotonie. Mais cela permet aussi de mieux répartir les apports d’aliments. On évite ainsi des problèmes de digestion et de l’inconfort. L’eau doit être changée tous les jours et plus si nécessaire.
Il est donc impossible de s’absenter plus de quelques heures. Les départs en vacances ne sont possibles que si une personne est capable de vous remplacer. Il va sans dire que l’on ne peut pas confier des primates à n’importe qui. Et la bonne volonté ou l’amour des NAC n’est pas suffisant.
Les installations des singes doivent être nettoyées quotidiennement
Dernier point, mais pas le moindre. Les singes sont des animaux qui salissent beaucoup leur enclos. Les aliments sont partiellement consommés et les restes sont éparpillés. Les animaux urinent et défèques partout. Pour des raisons évidente de bien-être et d’hygiène :
- Il ne faut pas faire porter des couches aux animaux
- Il faut nettoyer tous les jours les perchoirs, sols et murs
La conception des installations d’élevage de primates doit permettre un lavage efficace. Les stages dans des parcs zoologiques vont vous sensibiliser avec la question des équipements.
Les primates demandent des soins vétérinaires particulier
Avant de recevoir des animaux dans son élevage, il faut être certain de pouvoir compter sur les services d’un vétérinaire averti. Tous les vétérinaires ne sont pas capables de prendre correctement en charge des primates. Ces animaux ont des pathologies propres qui demandent des connaissances pour être traitées.
Les primates n’apprécient pas d’être transporté en dehors de leur enclos. Une visite chez un vétérinaire est stressante. Vous aurez plutôt intérêt à être équipé d’un local infirmerie, pour que le vétérinaire puisse effectuer les soins les plus simples sur place.
Garder UN singe chez soi est une mauvaise idée
C’est du moins notre avis, pour élever des singes et des lémuriens depuis 2010 dans un parc zoologique.
Vouloir garder dans de bonnes conditions un seul singe est impossible. C’est condamner cet animal à ne pas vivre la vie qu’il attend. Et c’est aussi vous exposer à des dangers et des problèmes. Un animal stressé et malheureux va devenir agressif. Il ne sera pas le compagnon dont vous aviez rêvé.
Pensez aussi au futur. Votre entourage supportera t-il les contraintes liées à la détention d’un singe ? Adopter un singe n’a rien à voir avec l’adoption d’un chat ou d’un chien.
Si vous êtes un véritable passionné de singes et que vous souhaitez devenir éleveur de singes, nous vous conseillons soit de travailler dans un parc zoologique comme soigneur animalier. Ou bien de générer des revenus suffisant pour créer un élevage.
Nous espérons que cet article vous aura apporté des éléments de réponse. Bonne continuation à vous.
Pour en savoir davantage sur les singes
Si vous souhaitez en apprendre plus sur les singes et les autres primates comme les lémuriens, il est nécessaire de débuter par la lecture d’ouvrage de vulgarisation. Puis de publications techniques.