Le soigneur animalier doit aussi enrichir l’environnement des animaux
Les parcs zoologiques ont parcouru un long chemin depuis l’époque des ménageries. Ils se sont engagés dans une amélioration constante des conditions de captivité des animaux sauvages qu’ils présentent à leurs visiteurs.
Les surfaces et les enclos réduits ont laissé place à des espaces plus vastes mimant davantage les milieux naturels. Le sol en béton a cédé sa place à des substrats comme la terre, les écorces ou le sable. Et la végétation est introduite lorsque cela est possible.
En plus d’améliorer le cadre de vie des animaux, de meilleures connaissances en nutrition et en biologie des espèces sauvages permettent de répondre aux besoins spécifiques de celles-ci.
L’espérance de vie s’est ainsi rallongée et les meilleurs résultats de reproduction montrent une évolution favorable des conditions de captivité. Mais doit-on se limiter au seul bien-être physique de l’animal ?
L’impact de la captivité sur le bien-être psychique des animaux
Les animaux non domestiques placés en captivité se trouvent généralement dans l’incapacité d’exprimer tous leurs comportements naturels :
- rechercher leur nourriture et s’en saisir,
- explorer et défendre leur territoire,
- rechercher un partenaire.
Ces frustrations se traduisent par du stress ! Et ce stress est plus ou moins visible. Les manifestations de stress les plus visibles sont des comportements anormaux.
Un animal captif qui ne bénéficie pas d’un environnement enrichi peut :
- être moins actif, dormir ou rester immobile. Ils sont alors plus susceptibles à une prise de poids
- être trop sensible aux dérangements
- développer des comportements répétitifs sans aucun but (stéréotypie)
- s’auto-mutiler
- avoir peur et/ou devenir agressif.
Mais il est possible de diminuer fortement ces manifestations anormales. Une meilleure connaissance de l’éthologie de l’espèce est une base. Il faut alors se référer aux observations faites dans le milieu naturel.
Enrichissement de l’environnement
En plus de s’occuper de nourrir les animaux et de nettoyer les enclos, le soigneur animalier doit s’efforcer de réduire le stress et l’ennui qui touchent souvent les animaux en captivité.
Afin d’encourager des comportements que l’on observe dans la nature, le soigneur animalier met en place des enrichissements du milieu.
Il s’agit alors de décupler les opportunités d’interaction entre l’animal captif et l’environnement dans lequel il se trouve placé.
Ce type d’enrichissement peut être de complexité variable. Il peut s’agir d’aliments présentés de différentes façons ou de réaménagement d’une partie de l’enclos. L’animal face à un situation nouvelle sera stimulé psychologiquement.
L’enrichissement est une facette du métier de soigneur animalier peu connue du grand public. Il s’agit d’un aspect qui reflète bien les savoir-faire des soigneurs animaliers.
L’enrichissement peut aussi être apporté par d’autres animaux. Les enclos dans lesquels plusieurs espèces cohabitent sont une façon d’enrichir le milieu de vie de l’animal. Mais ce type d’enrichissement dépend de l’organisation et de la conception de l’établissement en lui-même.
Quels sont les bienfaits de l’enrichissement chez les animaux captifs ?
Les bienfaits de l’enrichissement chez les animaux permettent :
- apparition de comportements naturels et augmentation de l’activité
- diminution du stress, de l’ennui et de la dépression ainsi que des comportements stéréotypés
- réponses plus rapides aux sollicitations de l’extérieur
- diminution de la peur ou de l’agressivité vis-à-vis des soigneurs, visiteurs et congénères.
- amélioration des résultats de reproduction et succès des programmes d’élevage
L’enrichissement est également très important pour les animaux qui seront réintroduits dans le milieu naturel. Il permet d’apprendre à ces animaux à chercher leur nourriture par exemple. Il stimule leur capacité d’apprentissage. Donc augmente leur chance de survie.
Les félins comme cette panthère noire demande un aménagement complexe de leur enclos sur plusieurs niveaux. L’animal ne parcourant pas simplement une surface mais davantage un volume. Mais il faudra aussi introduire des enrichissements afin que ces animaux ne s’ennuient pas.
L’enrichissement apporte également une expérience positive aux visiteurs. Ceux-ci perçoivent mieux les parcs zoologiques qui déploient davantage d’efforts pour s’occuper de leurs animaux. Il y a donc d’indéniables retombées médiatiques et économiques pour ces établissements.
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Comment appliquer l’enrichissement de l’environnement ?
Le soigneur animalier devra donc mettre en place des programmes d’enrichissement. Ceci n’est pas aussi simple car les enrichissements ne sont pas toujours de bons enrichissements. Le soigneur animalier devra mesurer l’impact de chacun des enrichissement sur la vie des animaux.
Les possibilités en terme des enrichissements sont pratiquement illimitées. Car tous les sens peuvent être sollicité : la vue, le toucher, le goût, l’odorat et l’audition. Voici quelques principes d’enrichissements :
- modifications apportées à l’environnement : supports, perchoirs, présentation des aliments, végétation.
- changements sociaux – regroupements inter-spécifiques et intra-spécifiques.
- encourager les comportements de recherche des aliments ; de chasse en les obligeant à “travailler dur” pour se nourrir. Le plus simple est de changer les quantités de nourriture distribuées, l’emplacement des aliments ou faire varier les heures de nourrissage.
- favorisez le jeu en ajoutant des balles, une pièce d’eau, des cordes, des miroirs (et penser à les renouveler)
- introduire de nouvelles odeurs naturelles, des épices ou autres essences.
- modifier l’environnement sonore par la diffusion d’enregistrement.
- changer les substrats pour leur donner une nouvelle texture.
Cette panthère des neiges semble apprécier cet enrichissement constitué d’une simple brosse fixée à un support. Il n’est pas toujours utilise de faire compliqué. Pour en apprendre davantage sur cette espèce de carnivore asiatique voici une page intéressante d’un site dédié aux panthères.
Enrichissement pour les animaux de zoo
Chaque zoo est différent dans sa “politique” d’enrichissement. Certaines directions l’ont parfaitement intégré alors que d’autres n’y voient qu’une perte de temps ou une activité dangereuses pour les animaux. Ceci n’est pas toujours faux car un enrichissement mal adapté peut présenter un danger ! Ce n’est pas une activité à prendre à la légère et elle doit faire l’objet d’un encadrement sérieux.
Bien souvent les budget allouer aux enrichissement sont réduits. Et le soigneur animalier doit faire beaucoup avec peu. Il doit récupérer des emballages et autres objets trouvant ainsi une nouvelle vocation.
Enrichir c’est bien mais il faut être patient
Lorsque vous introduisez une nouvelle idée d’enrichissement, il est important de laisser du temps pour surveiller les réactions des animaux. Les objets d’enrichissement peuvent provoquer de la méfiance ou de la crainte chez les animaux. Le soigneur animalier doit être observateur et patient. En cas de doute, il peut être préférable d’introduire progressivement de nouveaux éléments et en quantité limité.
Les animaliers devront toujours vérifier auprès de leur superviseur s’ils peuvent introduire une nouvelle forme d’enrichissement dans une enceinte. Il est important de s’assurer qu’il n’y a aucun risque pour l’animal.
Pour que les enrichissements soient efficaces ils doivent être renouvelés fréquemment. Les enrichissements doivent être nombreux mais ne doivent pas non plus être introduit en simultané. Prévoyez un stock !
Application de l’enrichissement du milieu aux carnivores
Les félins sont des prédateurs qui vivent sur de vaste territoire. L’activité de chasse occupe beaucoup de temps. En captivité, ce besoin de parcourir des grandes distances s’exprime par les mêmes parcours empruntés par les animaux, ou les passages répétés aux mêmes endroits.
Mais d’autres carnivores bénéficient d’enrichissements. Même les plus petits comme les suricates. Voici une vidéo qui présente un enrichissement facile à mettre en place et qui occupe un “gang” de suricates pendant de nombreuses minutes.
Comment se former en enrichissement ?
Les formations de soigneur animalier abordent l’enrichissement au même titre que la nutrition ou la sécurité. En effet, l’enrichissement est parfaitement intégré dans les nouvelles pratiques des soigneurs animaliers. En suivant une des formations proposées dans les écoles et centres de formation vous obtiendrez des bases solides. Mais il est aussi tout à fait possible de débuter seul en s’informant sur internet et en se renseignant auprès de personnes expérimentées.
La formation Préparation soigneur animalier fait référence à l’enrichissement en faisant intervenir des professionnels des parcs zoologiques. L’enrichissement est abordé dans tous les modules.
Consultez les sites spécialisés
Citons aussi les formations créée par l’Association Francophone des Soigneurs Animaliers. L’enrichissement y est souvent introduit d’un point de vue opérationnel.
Il existe également de nombreuses publications scientifiques qui permettent d’approfondir ses connaissances dans l’enrichissement du milieu. Les thèses vétérinaires sont de bonnes sources d’informations.
Enfin il existe de nombreuses publications et sites traitant de l’enrichissement. Sur internet nous vous conseillons de consulter Shape of Enrichment.
Pour conclure l’enrichissement doit être pris au sérieux aussi bien par les soigneurs animaliers que par les encadrants (directeurs, capacitaires et vétérinaires) des parcs zoologiques. Et il est très important pour la sécurité des personnes et des animaux que tous soient intégrés dans la mise en place de ces programmes et que des protocoles soient établis.