La pédagogie dans les zoos et autres parcs zoologiques

Les parcs zoologiques se rencontrent dans pratiquement tous les pays. Il en existerait plus de 10000 d’après l’association Born Free. Cette couverture mondiale ainsi que la très forte affluence dans ces lieux, font des parcs zoologiques des endroits privilégiés pour s’adresser à un maximum de personnes de toutes les catégories sociales confondues. Cette article fait une courte présentation de la pédagogie dans les zoos et autres parcs zoologiques, de l’intérêt des visiteur et des critiques faites par les associations opposées à la captivité.

Combien de personnes se rendent chaque année dans un parc zoologique ?

L’Association américaine des zoos et des aquariums (AZA), nous annonce que le nombre des visiteurs qui se rendent au moins une fois dans l’année dans un parc zoologique (jardin zoologique ou aquarium public) est de 700 millions d’individus. Aux Etats-Unis, l’affluence dans les parcs zoologique est supérieure à celle des grands évènements sportifs ou culturels. Et l’on compte 183 millions de visiteurs par an pour les parcs zoologiques américains. En Europe, chaque année un européen sur cinq se rend dans un parc zoologique membre de l’EAZA (Association européenne des zoos et aquariums). Et en France, les établissement membres d’AFdPZ (Association française des parcs zoologiques) reçoivent 20 millions de visiteurs chaque année !

Les établissements fixes de présentation au public d’animaux sont une sortie très populaire. Ces parcs d’attraction (bien qu’ils ne se considèrent pas comme tel) ont donc un très fort potentiel pour communiquer auprès du public et inciter à des changements de comportement. Car les visiteurs sont avant tout des consommateurs qui agissent directement et indirectement sur l’environnement. Charger d’habitude est initier par une prise de conscience. Et les parcs animaliers en divertissant leurs visiteurs ont un impact sur les changements d’habitude d’un grand nombre d’entre eux.

Qui sont les visiteurs des jardins zoologiques ?

D’après l’AZA, la typologie des visiteurs des jardins zoologiques aux Etats-Unis est la suivante :

  • 69% des groupes de visiteurs incluent au moins un enfant
  • 54% des visiteurs sont des femmes
  • 32% des visiteurs adultes ont entre 21 et 34 ans
  • 57% des visiteurs enfants ont au moins 11 ans

Ces observations réalisées aux Etats-Unis se rapprochent de ce que l’on peut observer lorsqu’on travaille au sein d’un parc zoologique en France. On peut donc penser que cette typologie est universelle et transposable dans de nombreuses régions du monde.

Que pensent les visiteurs de leur visite ?

Toujours d’après l’AZA les visiteurs des parcs zoologiques sont :

  • d’accord à 93% pour dire qu’ils apprécient l’observation facilitée des animaux dans les zoos et les aquariums
  • d’accord à 94% pour dire que les zoos et les aquariums permettent de mieux enseigner à leurs enfants à mieux protéger les animaux et les habitats naturels.

Dans un contexte de forte opposition entre parcs zoologiques et associations anti-zoos, les actions pédagogiques permettent également de justifier du rôle sociétal des établissements de présentation d’animaux de la faune sauvage.

Bien entendu, l’avis des visiteurs réguliers des parcs zoologiques n’est pas celui de l’opinion publique. Cette dernière est plus réservée sur l’efficacité des zoos en terme d’éducation à l’environnement. Et tout simplement sur le rôle des parcs zoologiques dans nos sociétés. L’opinion publique est influencée par les campagnes des associations anti-zoos, mais aussi par le flux de mauvaises nouvelles (accident, évasion, abattage d’un animal,…) relayées par les médias.

Que disent les associations anti-zoos ?

Pour les militants membres des associations ant-zoos, il est tout à fait possible d’éduquer le public au travers d’expositions qui ne mettent pas en scène des animaux captifs. Les télévisions, les livres et autres médias seraient tout aussi efficaces. Les parcs zoologiques seraient inutiles et doivent donc être fermés. Les plus extrêmes préconisent même de relâcher les animaux dans la nature. Ces derniers n’auraient bien entendu que très peu de chance d’y survivre sur le long terme. Ils prévoient l’alternative de les intégrer dans des sanctuaires. Lieux dont on ne connaît pas les moyens financiers et humains mis à disposition pour mettre en place de hauts niveaux d’élevage. D’autant plus lorsque ces sanctuaires se trouvent dans des pays dont la réglementation en faveur des droits des animaux est faible ou inexistante.

Les associations abolitionnistes vont plus loin en qualifiant d’hypocrisie le fait de garder des animaux captifs sous prétexte d’une mission pédagogique des parcs animaliers. D’ailleurs pour ces associations l’activité des zoos est essentiellement une exploitation des animaux dans un objectif exclusivement pécunier.

Panthère des neige
Pour les détracteurs des parcs zoologiques la captivité n’est pas le bon véhicule pour transmettre un message pédagogique et faire changer les mentalités.

Que recherchent les visiteurs ?

Il existe plusieurs prétextes pour ce rendre dans un parc zoologique. La motivation la plus commune est d’accompagner des enfants pour une sortie en famille. Mais on rencontre également une part importante de jeunes adultes – souvent des couples – qui ne sont pas accompagnés par des enfants. Il existe aussi un public de spécialiste – parfois des éleveurs amateurs d’animaux non domestiques – qui fréquente un parc zoologique comme d’autres le ferait dans un musée. On a alors affaire à un public d’initiés, mais qui reste minoritaire.

La majorité des visiteurs se rendent dans un parc zoologique pour vivre une expérience inhabituelle, une “aventure” dans un milieu sécurisé. 

Mais les visiteurs ne sont pas attirés par n’importe quels animaux. Des études nous révèlent qu’ils ont une préférence certaine pour les grands mammifères. Cette préférence serait guidée en partie par les représentations que chacun se fait du “zoo”. Car on vient souvent visiter un jardin zoologique avec un objectif de visite. Par exemple voir des girafes, des fauves ou tout autre animal phare.

Il est aussi prouvé que les visiteurs s’attardent plus longtemps devant les enclos présentant des animaux actifs. L’intérêt des visiteurs est également croissant avec la taille des animaux. Les gros animaux retiennent l’attention plus longtemps que les plus petits. Mais il s’agit de tendance qui ne se vérifient pas toujours. Car nous l’avons noté précédemment les parcs zoologiques sont aussi visités par des passionnés de telle ou telle espèce ou famille animale.

Toujours d’après des études menées sur le comportement des visiteurs, il existe des animaux qui intéressent moins que d’autres. Ainsi les oiseaux sont un ordre d’animaux qui intéressent peu la plupart des visiteurs. Tout du moins au sein d’un établissement généraliste – comme le sont la plupart des « zoos » – qui présente une grande diversité taxonomique « côte à côte » et « en concurrence ».

Bien entendu, ces études nous parlent de comportements fréquents, car des préférences individuelles existent. Ceci permet à des établissements spécialisés d’exister et de perdurer : aquariums publics, parcs ornithologiques, reptilariums, insectariums,…

Sachant cela on comprend mieux les sélections des espèces présentées que font les établissements généralistes. On parle souvent dans le milieu des dirigeants et responsables des parcs zoologiques de l’importance des « Big five ». Les éléphants, rhinocéros et autres fauves restent des espèces emblématiques qui attirent les visiteurs et qui « nourrissent » financièrement l’établissement qui les présente. Leur présence est nécessaire pour tous les autres pensionnaires du zoo. Car seul un parc zoologique en bonne santé financière peut se permettre d’élever des espèces plus confidentielles, à des fins de conservation notamment.

Quels sont les messages à transmettre ?

En Europe et en France le législateur attend que les parcs animaliers sensibilisent leurs visiteurs aux menaces qui pèsent sur les espèces et leurs habitats. Ceci nous est rappelé par la Directive 1999/22/CE et par l’arrêté du 25 mars 2004. Ainsi un parc animalier doit présenter des “animaux ambassadeurs” dont la présence se justifierait pour oeuvrer à la protection de leurs congénères sauvages. 

La législation donne ainsi les axes sur lesquels les responsables pédagogiques vont travailler. Autour de chaque espèce présentée doit être diffusé un (ou plusieurs) message :

  • Présentation de l’espèce (biologie, écologie), des menaces et du statut de protection
  • Sensibilisation des consommateurs (bannir l’huile de palme, trier les déchets, limiter le gaspillage,…)
  • Implication de l’établissement dans des programmes de conservation in-situ (financement d’un programme pour préserver l’espèce dans son milieu naturel)
  • Implication de l’établissement dans des programmes de conservation ex-situ (programme de reproduction en captivité)

Les messages pédagogiques sont délivrés de plusieurs manières :

  • Mise en place d’un affichage pour chaque espèce présentée dans un cages ou tout autre enclos
  • Publication de documents donnés ou vendus aux visiteurs
  • Ateliers, visites guidées et présentations pédagogiques faisant intervenir un animateur
  • Mise en ligne d’un site internet

Il faut bien entendu délivrer un message adapté sur le fond et sur la forme au public que l’on a face à soi. Nous pensons notamment aux groupes scolaires. Les parcs zoologiques reçoivent généralement de nombreuses classes et doivent préparer des programmes pédagogiques adaptés à chacun des niveaux. Et en collaboration avec des enseignants afin de faire écho aux programmes scolaires.

Enfin un message efficace n’est pas forcément un cours magistral. Il faut rester ludique et intéressant pour le plus grand nombre de visiteurs. Il n’est pas utile de « déballer sa science » car au final le message ne sera pas compris et retenu.

Quel compromis entre “show” et pédagogie ?

Faire vivre une expérience aux visiteurs n’est pas incompatible avec la mission éducative d’un parc animalier. Car on peut prendre plaisir à apprendre surtout si c’est amusant. Et que l’on peut partager ces nouvelles informations avec ses enfants, ses petits-enfants, ses amis, …

Les études qui présentent les préférences des visiteurs en terme d’animaux peuvent guider les responsables des parcs animaliers dans leur plan de collection. C’est-à-dire le choix des espèces à presenter. Ces études intéressent aussi les responsables pédagogiques dans la mise en place et l’organisation des animations pédagogiques.

Certains animaux très appréciés peuvent faire l’objet d’animation afin de retenir plus longtemps les visiteurs dans l’établissement. On peut aussi inclure au sein d’une même animation des séquences qui présentent des espèces appréciées et d’autres sur les espèces qui le sont moins. Ou du moins qui sont moins connues. Les présentations de plusieurs espèces au sein du même enclos peut aussi répondre à cet objectif.

Et si la pédagogie rencontrait la rentabilité ?

La satisfaction des visiteurs est un aspect important pour qu’un établissement perdure sur le long terme. Un visiteur content de sa visite sera fidélisé et reviendra probablement payer une entrée.

La qualité des animations pédagogiques est un facteur qui est pris en compte par les visiteurs. Il suffit pour s’en rendre compte de visiter des sites de notation et de lire les commentaires des personnes qui ont visité des parcs zoologiques. Les visiteurs apprécient les interactions avec les animateurs. Mais ces derniers doivent être clair et agréable. Il est donc nuisible pour l’établissement de confier ce travail de médiation à des personnes non motivées ou non compétentes. C’est la raison qui pousse les plus grands établissements à constituer une équipe chargée exclusivement de la pédagogie. Mais dans les parcs plus petits, les soigneurs animaliers sont généralement ceux qui animent les ateliers et autres goûters commentés. Les écoles et les centres de formation ont bien compris ce besoin de polyvalence et introduisent des modules dédiés à la pédagogie dans leurs parcours.

De plus les animations permettent de rallonger le temps de visite au sein d’un parc animalier. Et plus ce temps est long plus le visiteur aura tendance à consommer (restauration, achat en boutique,…).

Ainsi nous voyons bien que « sur le terrain » tout le monde – animateurs, public et dirigeants des parcs animaliers – trouve son compte avec une bonne pratique de la pédagogie.

Et si la pédagogie favorisait le bien-être animal ?

Le bien-être animal est une préoccupation permanente pour le personnel. Il est important que le travail que l’on effectue ne provoque pas de stress pour les animaux gardés captifs. Les animations et autres spectacles ne doivent pas nuire à la santé des animaux. Le soigneur ou l’animateur ne doit pas exciter les animaux durant les nourrissages commentés. Et il ne doit pas utiliser de punition lorsqu’un animal ne coopère pas.

Les activités pédagogiques ne doivent pas être un désagrément, mais elles peuvent devenir utiles et améliorer la condition des animaux maintenus dans les parcs zoologiques.

Une animation pédagogique peut être l’occasion de réaliser devant les visiteurs un enrichissement du milieu. Ces activités sont chronophages et parfois limitées à struct minimum par manque de temps. En réalisant un enrichissement devant des visiteurs peut donc faire d’une pierre deux coups ! De plus on présente d’une des facettes du métier de soigneur animalier qui est souvent inconnue.

Pour en apprendre davantage

La formation Préparation soigneur animalier propose un module accès sur la pédagogie en parc zoologique. Cette formation s’adresse aux personnes qui souhaitent se préparer à entrer dans une école de soigneur animalier, mais aussi à toutes les personnes intéressées par les parcs zoologiques et leurs activités.

Rendez-vous sur le site www.formationsoigneuranimalier.fr pour vous renseigner sur les dates du prochain module et sur les modalités d’inscription.