Refuge animalier ou zoo : quelle différence ?

Les parcs zoologiques sont les successeurs des ménageries aristocratiques du 18ème siècle. Avec une histoire de plus de 200 ans, les zoos ont évolué avec leur époque, tout en restant par essence des lieux de présentation d’animaux au public. Plus récent, les refuges animaliers ont connu un essor important, durant les années 1970. Il ne s’agit plus de présenter au public des animaux rares, mais bien de garder en captivité des individus victimes des actions humaines. Si jusqu’à récemment le grand public était principalement focalisé sur les parcs zoologiques, son attention se tourne de plus en plus vers les refuges animalier. Cet article se propose de donner des éléments de réponse à la question : refuge animalier ou zoo quelle est la différence ?

Le refuge animalier est-il l’avenir de la captivité ?

Une visite d’un refuge animalier ne repose pas sur la recherche du spectaculaire. Ou du moins cela n’est pas avoué. Il s’agit plutôt de chercher à soutenir – par le paiement d’un droit d’entrée – une mission caritative. Il est d’ailleurs intéressant de constater que les avis des visiteurs sur les refuges sont très indulgents. Beaucoup plus que pour les zoos, lorsque l’on lit un livre d’or ou des avis sur un site comme Tripadvisor. Un visiteur semble accepter plus facilement des conditions de captivité pas toujours adéquates s’il s’agit d’un refuge.

Les refuges ouverts au public ressemblent beaucoup à leurs cousins parcs zoologiques. On y retrouve souvent :

  • des animaux d’espèces appréciées du grand public
  • des animations et des ateliers pédagogiques
  • une boutique et un service de restauration

Ce qui change bien entendu est le message communiqué. On présente les animaux comme des êtres à qui l’on doit (enfin) reconnaître des droits. Il n’est pas question de placer le refuge comme un centre de conservation d’espèces menacées, mais comme l’un des derniers remparts contre la mort d’individus.

animaux domestiques
Les refuges reçoivent des individus sans distinction faite sur leur espèce. Crédit Pixabay.

Dans ces refuges, les reproductions sont rares, car non souhaitées. En effet, les établissements reçoivent régulièrement des animaux qu’ils récupèrent auprès de particuliers ou de professionnels qui ne souhaitent plus les garder. Ou qui ne sont plus en mesure d’assurer les frais à l’entretien de leur élevage. Mais l’état place aussi des animaux saisis chez des personnes qui ne sont pas en règle. Notamment, lorsque ces personnes ne sont pas titulaires d’un certificat de capacité. Les refuges s’ils pratiquent la reproduction ne seront plus en mesure d’absorber le flux d’animaux à prendre en charge.

Sachant que des animaux qui bénéficient d’une bonne alimentation, de soins vétérinaires et d’enclos adaptés vivent plus longtemps que dans la nature, il est probable que les refuges ne pourront plus honorer le devoir. Les refuges doivent donc compter sur d’autres établissements pour recevoir ces animaux.

Dans une société qui est en recherche de sens, il est intéressant de se demander si les refuges seront les seuls lieux de captivité tolérés. En tout cas, certains semblent le croire et l’on assiste à des changement de nom d’établissements. On ne porte de moins en moins le nom de zoo. Mais davantage celui de réserve, de refuge,…

Le zoo sera t-il accepté par la société de demain ?

Les zoos sont le reflet de la société. Et finalement ils donnent ce que leurs visiteurs demandent. Il s’agit de lieux de découverte, mais aussi d’attraction. Et comme les refuges les visiteurs viennent y raviver des sentiments et occuper leur temps.

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Les zoos ne sont-ils pas déjà des refuges ? Crédit Pixabay.

Qui veut la peau des zoos ?

Les zoos sont la cible de critiques constante d’associations animalistes. Celles-ci s’opposent à toutes les formes d’exploitation animale et comparent les parcs zoologiques à des prisons, des camps ou des goulags. Ces termes ne sont pas choisi au hasard, puisque les messages s’adressent au sensible et non pas au rationnel. Mais ce n’est pas l’objet de cet article.

La captivité serait d’après ces militants une forme pernicieuse de maltraitance. Jusqu’à récemment leur position radicale prêtée à faire sourire. Mais maintenant les visages se crispent. Ces critiques émises par une minorité active finissent par être entendue par le grand public, qui – bien que n’étant pas toujours très informé sur ce débat – souhaite volontiers choisir un camp. Qui n’a pas un avis tranché de nos jours ?

Mais soyons observateurs. Les parcs zoologiques ne sont pas homogènes sur leur mode de fonctionnement, les motivations de leurs dirigeants, les compétences internes, le contexte administratif qui encadre leur activité et les moyens financiers dont ils disposent. Comment pouvons nous les juger et les condamner tous ? Néanmoins, les anti-zoos donnent à tous les établissements de présentation d’animaux le nom de zoo – en faisant un nom péjoratif – et les considère comme égaux. Aucun pour racheter un autre.

L’une des critiques actuelles est que les animaux gardés dans les parcs zoologiques ne sont généralement pas à des espèces en voie de disparition. Et que le nombre des individus qui participent à des programmes de reproduction est proportionnément faible. On peut constater en effet que beaucoup d’espèces appréciées du public – et donc présentée par les zoos – sont heureusement encore abondantes dans la nature.

Mais d’ici 10 ou 20 ans, Il serait intéressant de revoir le statut de conservation (liste rouge UICN) de ces mêmes espèces, pour savoir si le maintien d’un cheptel captif de quelques centaines d’individus – espèces menacée ou non – est une mauvaise idée. Au rythme de la disparition des milieux naturels, il serait bon d’être plus nuancé.

De plus le nombre des programmes de reproduction en captivité augmente constamment. Et leur fonctionnement intègre maintenant une aide financière aux actions de conservation ex-situ. Toutefois, ces programmes reposent souvent sur le volontariat.

Des zoos critiqués, mais toujours très fréquentés

Paradoxalement, les parcs zoologiques sont toujours – et de plus en plus – visités. Chaque année, plusieurs millions de personnes visitent au moins un zoo en France. Le leader actuel – le Zooparc de Beauval – a reçu en 2019 pas moins d’un million six cent mille visiteurs. La WAZA (World Association of Zoos and Aquariums) indique dans un rapport de 2019 que 700 millions de personnes visites chaque année au moins un parc zoologique.

Mais la tendance risque t-elle de changer. L’engouement ne risque t-il pas de faire place à la lassitude ?

Des évènements majeurs nous signalent que le vent change de direction. En France, le législateur a interdit la présentation des cétacés. Les delphinariums vont donc fermer dans quelques années. Il en est de même des cirques itinérants qui ne pourront plus présenter d’animaux sauvages. Delphinariums et cirques occupés beaucoup l’attention des associations animalistes et des politiques ralliés à leur cause. Mais à présent les zoos ne risquent-ils pas des ennuis ? Ne seront-ils pas les prochains à subir des mesures radicales ?

Avons nous les moyens d’être bien pensant ?

Le conformisme de 2020 et des années qui suivront est très différent de celui de la fin du XXème siècle. Reconnaître les animaux comme des êtres sensibles est un progrès de nos sociétés. (Bien que le législateur réserve encore des passes droits sous prétexte de traditions ou de coutumes. voir image ci-dessous.) Et il convient de faire évoluer nos systèmes de production et nos modes de consommation, pour réduire l’impact que nous avons sur les écosystèmes. Mais aussi pour générer moins de souffrance animale.

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Pendant ce temps en France… Crédit : Pixabay

Toutefois, avec un monde dont la population mondiale atteindra probablement 9 milliards d’humains dans 15 ans, il faut aussi se forcer à être davantage rationnel. Et ne pas se contenter d’écouter sa sensibilité. Faut-il se laisser persuader que les zoos sont des lieux de maltraitance et qu’ils ne peuvent pas encore évoluer ? La fermeture des zoos est-elle une solution ? Doit-on interdire la reproduction des animaux captif et volontairement diminuer leur effectif global ?

Y a t-il plus de souffrance animale dans un zoo que dans votre assiette ? Crédit : Pixabay

Avons-nous les moyens d’être bien pensant et de nous satisfaire de mesures cosmétiques – comme d’attendre la fermeture des zoos – qui ne changeront rien au péril écologique actuel ? Ne faut-il pas garder sous la main les parcs zoologiques qui justifient encore que de nombreuses espèces survivent à l’Homme ?